Plus, Mieux, Maintenant ? Mieux protéger, pour mieux nous protéger : regards croisés France – Costa Rica


- 28/02/2023
- Locale : 18h00
Paris : 01h00 - Heredia, San José, Costa Rica Secretaria Ejecutiva del Sistema Nacional de Areas de Conservacion, Santo Domingo, CR
- Costa Rica
- Espagnol / Français
- https://fb.watch/jrghyEX6We/
Genèse de la Nuit des Idées
En Amérique centrale, la Nuit des Idées 2023 a été déclinée sous le titre « Plus, Mieux, Maintenant ? ». A San José, au vu des intérêts des parties prenantes pour cette première Nuit des Idées 2023, la conférence a eu pour thématique le sujet suivant : « Plus, Mieux, Maintenant ? Mieux protéger, pour mieux nous protéger : regards croisés France – Costa Rica ».
Cette Nuit des Idées a été imaginée dans le cadre de la mission prospective de l’OFB au Costa Rica, portant notamment sur les différentes alliances portées par nos deux pays dans le domaine environnemental. C’est ainsi que le mardi 28 février 2023, le SCAC Amérique centrale a réuni le Système National des Aires de Conservation du Costa Rica (SINAC), l’Office Français de la Biodiversité (OFB) et l’Agence Française de Développement (AFD) afin de débattre des modalités de protection de nos espaces naturels et l’atteinte des objectifs prônés par les différentes alliances internationales, dont, en particulier, l’objectif « 30×30 ».
Format et intervenants
La Nuit des Idées a eu lieu en format hybride, en présentiel dans une salle mise à disposition par le SINAC, et retransmise en direct sur le compte Facebook du SCAC avec traduction simultanée.
Ci-dessous, la liste des intervenants pour cette Nuit des Idées :
- Mario Coto Hidalgo, Directeur Technique du SINAC
- Cyrille Barnerias, Directeur des Relations Internationales de l’OFB
- Matthieu Robin, Représentant de l’AFD au Costa Rica
- Eva Sahores, Chargée de coopération technique, modératrice de la conférence
Résumé des débats
La conférence a débuté par une rapide présentation des deux institutions (OFB et SINAC), avant d’enchaîner sur une table-ronde dédiée au 30×30 et à ses modalités. Pour rappel, le 30×30 est l’objectif porté par la Coalition de Haute Ambition pour la Nature et les Peuples (HAC) dont la France et le Costa Rica sont des leaders, et adopté lors de la COP15. Il implique d’atteindre au moins 30% d’aires terrestres et 30% d’aires marines protégées à horizon 2030. Tant en France comme au Costa Rica, cet objectif a été atteint en mer grâce à l’extension d’aires marines protégées existantes, mais pas sur terre.
Atteindre et dépasser ce 30×30 n’est pas une simple ambition politique, mais une nécessité pour la survie des espèces qui peuplent notre planète, et donc, de l’humanité : mieux protéger, pour mieux nous protéger. C’est pourquoi le 30×30 a été proposé comme base du débat de la Nuit des Idées. Comment atteindre l’objectif ? Quelles sont ses modalités ? Comment mieux protéger sans léser personne ?
La table-ronde a été guidée par les trois questions suivantes :
Le 30×30 est-il réaliste ? Avons-nous réellement les ressources financières et humaines pour qu’il devienne une réalité ? Symboliquement, nous avons atteint une partie de l’objectif, mais nombre d’aires protégées, notamment marines, ne sont dans la pratique pas efficacement protégées : peu de réglementation, peu de ressources pour faire du suivi et des contrôles, etc.
Le 30×30 ne vient-il pas empiéter sur notre droit à la nature ? La nature est un bien commun et importante pour notre équilibre, nous ne pouvons pas nier ce droit en restreignant l’accès dans les périmètres protégés. Comment concilier protection et flux touristique ? Protection et usage des ressources ?
Si nous nous focalisons sur les 30% que nous devons protéger pour atteindre l’objectif, ne risquons-nous pas de délaisser les 70% restants ? 30% pour la nature, 70% pour les humains, mais en quel état ? La nature n’a pas de frontières, les espèces bougent, l’eau circule. Le 30 et le 70 sont complètement interconnectés. Comment résoudre cette équation ?
Les idées, opinions et bonnes pratiques existantes ont été confrontées pour enrichir les débats. Quelques éléments marquants peuvent être retenus : tout d’abord, nous ne sommes pas seuls. Les propriétaires terriens, les institutions, les ONG, les pêcheurs, les entreprises, les peuples indigènes, etc. : nous sommes tous dans la même barque ; le travail interinstitutionnel et collectif est primordial pour atteindre cet objectif commun qu’est le 30×30. Les symboles sont importants également, malgré les difficultés pour protéger réellement les aires protégées, il est nécessaire d’envoyer des signaux positifs en intégrant de nouveaux périmètres.
Ensuite, les avancées technologiques, s’il est illusoire de penser qu’elles pourraient « nous sauver », peuvent du moins nous aider. Elles doivent s’accompagner d’évolutions juridiques : par exemple, il devra être possible de donner une amende à un navire pêchant dans une zone protégée simplement grâce aux données satellites envoyées par les radars embarqués, et non avec constatation de l’infraction comme c’est le cas aujourd’hui et qui limite grandement l’action.
Par ailleurs, il est nécessaire de connaître ce que l’on souhaite protéger afin de prendre les meilleures décisions. Certaines zones où les espèces et écosystèmes sont particulièrement sensibles doivent être restreintes pour respecter les capacités d’absorption de l’écosystème. D’autres, plus résilientes, peuvent recevoir des visiteurs et être soumises à des usages divers et variés, sans que cela ne remette en cause le bon état écologique du milieu ni le statut de zone protégée.
Finalement, l’important est de parvenir à trouver des zones où l’espèce humaine cohabite en harmonie avec les autres espèces, tout en intégrant la dimension de l’acceptation sociale de la protection. 30% d’aires protégées oui, mais mieux encore, 100% de zones d’harmonie entre les espèces qui peuplent la planète et dont les interconnexions rendent la survie de l’une dépendante de la survie de l’autre.