La nuit des idées au Collège de France, avec Radio France internationale

28/01/2021
Locale : 20h00
Paris : 20h00
Collège de France 11, place Marcelin Berthelot, Paris, FR
France
Français
https://www.college-de-france.fr/site/nuit-des-idees/La-nuit-des-idees-2021-au-College-de-France.htm

Le Collège de France, en partenariat avec Radio France internationale, participe à nouveau en 2021 à la Nuit des idées.

Le 28 janvier prochain, en direct de 20h à 23h depuis l’amphithéâtre Marguerite de Navarre, trois tables rondes animées par les journalistes de RFI explorent le thème de l’édition 2021 : Proches, avec la participation de deux professeurs du Collège de France et de deux invités.

De qui, de quoi pouvons-nous dire « proches » en cette année où le terme de distanciation s’est imposé à tous, sur tous les continents ? On pense d’emblée à l’urgence du rapprochement, à de nouvelles solidarités à rétablir ou à créer face aux divisions de toute nature, et aux idées et aux outils nécessaires pour cela, afin de faire contrepoids à la dissolution des liens et au repli individualiste ou nationaliste. Mais cette exigence doit s’accompagner d’une réflexion sur l’idée même de distance, sur ses fondements perceptifs, cognitifs et mathématiques, sur son extraordinaire usage à la fois théorique et pratique dans la multiplication des cartes qui recouvrent notre monde, y tracent des frontières et des limites mais nous permettent aussi de le modéliser, de le comprendre et d’agir sur lui. Reste enfin à savoir s’il existe, dans le rapport à soi, aux autres, aux objets et aux cultures du monde, une « bonne distance », un point de vue qui ne soit ni trop éloigné, ni trop proche, et d’où ils pourraient être mieux compris, appréciés, aimés ? Cette question s’impose également aux chercheurs, aux journalistes, aux passeurs de culture, et à tous ceux dont le travail consiste à créer des médiations, à construire des liens pour un monde commun où les différences s’articulent plus qu’elles ne s’opposent.

A suivre en direct à l’antenne sur RFI : https://www.rfi.fr/fr/ et sur la chaîne YouTube de RFI.

Programme :

1. Qui est mon prochain ?

20h00-21h00

Journaliste modérateur : Assane Diop

Invités :

  • Samantha Besson, juriste, spécialiste de droit international public et de droit européen, professeure du Collège de France sur la chaire « Droit international des institutions »
  • François Héran, sociologue et démographe, professeur du Collège de France sur la chaire « Migrations et société ».
  • Momar Nguer, entrepreneur franco-sénégalais et président du Comité Afrique du Medef International.
  • Nathalie Péré-Marzano, Déléguée générale d’Emmaüs international.

Fraternité, hospitalité, solidarité : les crises de toute nature fragilisent ces idéaux. La figure du prochain, celui auquel on doit entraide et assistance au nom de notre commune humanité, est brouillée par de nouvelles barrières : égoïsme des individus, remise en cause des liens familiaux et intergénérationnels, difficultés à « faire société », repli nationaliste, crise du multilatéralisme… Chacun préfère son « île dans la rue», selon l’expression du sociologue américain Martin Sanchez-Jankowski. Devant cet effritement apparent des solidarités, quelle valeur a encore pour nous la notion de prochain ? Existe-t-il, à l’heure de la mondialisation, des pistes concrètes pour que les « îles » s’agrègent en un archipel ? Pour que mon prochain ne soit pas seulement celui qui me ressemble peu ou prou, mais celui dans lequel je reconnais l’identité de notre condition ?

2. Quelles cartographies pour quelles distances ?

21h00-22h00

Journaliste modérateur : Caroline Lachowsky

Invités :

  • Françoise Combes, astrophysicienne, professeure du Collège de France sur la chaire « Galaxies et cosmologie », chercheuse à l’Observatoire de Paris.
  • Christian Grataloup, géohistorien, professeur émérite de l’université Paris Diderot.
  • Sabrina Krief, vétérinaire et écologue, spécialiste des grands singes, professeure au Muséum national d’histoire naturelle.
  • Stéphane Mallat, mathématicien, professeur du Collège de France sur la chaire « Sciences des données ».

Comment mesurer et représenter les distances ? Leur appréhension est d’abord une faculté perceptive et cognitive que nous partageons avec d’autres animaux, dont les capacités extraordinaires d’orientation constituent la base biologique de nos idées de territoire ou de frontière. Au-delà, les mathématiques ont permis d’élaborer une représentation et une compréhension poussées de l’espace et des flux, une géographie et des cartes de plus en plus précises de la réalité, jusqu’à décrire la structure de l’univers. Comment toutes ces cartes de différente nature s’imbriquent-elles alors pour ouvrir le champ de nos connaissances ? Que disent-elles de nous, de notre appétit de savoir et des outils que nous avons conçus pour comprendre le monde, du plus proche au plus lointain ?

3. Y a-t-il une bonne distance ?

22h00-23h00

Journaliste modérateur : Pascal Paradou

Invités :

  • N’Goné Fall, commissaire d’exposition et consultante en ingénierie culturelle, commissaire générale d’Africa 2020.
  • William Marx, écrivain, essayiste, critique et historien de la littérature, professeur du Collège de France sur la chaire « Littératures comparées ».
  • Olivia Rosenthal, écrivaine, dramaturge et performeuse, co-directrice du master de création littéraire de l’université Paris 8.
  • Hugues de Thé, médecin et biologiste, professeur du Collège de France sur la chaire « Oncologie cellulaire et moléculaire».

S’éloigner permet parfois de se rapprocher. En ces temps de pandémie et de distanciation sociale, la bonne distance est une question métrique, mais aussi scientifique et critique. En sciences humaines comme en sciences expérimentales, la position de l’observateur suppose de se détacher, de s’éloigner comme l’on regarde une œuvre d’art, pour avoir la vue d’ensemble sans perdre le détail. Pour voir bien, pour voir mieux, l’écart est nécessaire et toujours paradoxal : distance de la fiction pour faire corps, du chercheur scientifique afin de mieux soigner, de l’histoire pour appréhender le présent et pour mieux rendre compte du vivant. Le débat entre appropriation et métissage culturels illustre aussi l’aphorisme rimbaldien « Je est un autre ».