La Nuit des Idées aux Philippines a rassemblé les acteurs impliqués dans le développement d’une culture du vélo pour réfléchir aux ameliorations possibles pour que cette mobilité douce et active devienne un moyen de transport adopté par le plus grand nombre.

Dans le monde entier, les métropoles cherchent à réduire l’usage de la voiture pour limiter les émissions de gaz à effet de serre et ses effets sur la pollution de l’air. Pour mener ce combat, les mobilités douces et actives (vélo, trottinette, roller, marche à pied) sont encouragées, dans la mesure où elles ont un effet bénéfique sur l’environnement et la santé des populations. Dans le cadre du confinement des populations, conséquence de la crise sanitaire mondiale, les systèmes de transports en commun ont été restreints, poussant les usagers à avoir recours à d’autres formes de mobilité.

Manille, capitale des Philippines, est une ville tentaculaire et très affectée par la pollution de l’air. Ses habitants, les municipalités et les acteurs privés, peinent à faire face aux défis urbains auxquels elle fait face : inondations,  gestion des déchets, pollution, nuisances sonores, trafic continument saturé… Dans un pays dans lequel 88% de la population ne possède pas de véhicule privé, les habitants des centres urbains ont notamment recours au vélo pour leurs déplacements quotidiens.

Encourager le cyclisme comme mode de transport populaire serait-il la voie vers un nouveau mode de développement, plus respectueux de l’environnement ? Quelles sont les aspects à prendre en considération pour développer cette culture du vélo ? Quels en sont les obstacles ?

C’est ce dont ont discuté des représentants des pouvoirs publics, de la société civile, des sportifs et des professions médicales, réunis autour du journaliste de télévision Howie Severino, inconditionnel du cyclisme qui a survécu au Covid et s’est refait une santé avec la pratique du vélo. Les acteurs rassemblés dans la salle se sont penchés sur les différents leviers d’action pour encourager ce mode de déplacement auprès de la population:  infrastructures, politiques publiques, éducation.

La question de la sécurité des cyclistes et de leur cohabitation avec les autres usagers (piétons et automobilistes) a été abordée d’emblée. Actuellement, la majorité des pistes cyclables existantes aux Philippines sont de classe 2, c’est à dire qu’elles consistent en un marquage au sol uniquement visuel.  La construction de pistes cyclables de classe 1, dotées d’un séparateur physique avec les autres voies, est une mesure qui a été encourage. Elle est en projet au sein du Département des Transports et du Département des Travaux Publics et Autoroutes et devrait concerner prochainement les villes de Manille, Cebu et Davao.

La mise en place de carrefours sécurisés à l’intersection des voies pour cyclistes, automobilistes et piétons est une autre mesure qui a été préconisée. A ce titre, les centres commerciaux SM Mall of Asia et SM Marikina font figure d’exemple. Ils ont même reçu la palme des centres commerciaux les plus favorable au cyclisme lors des Mobility Awards organisés par The Institute for Climate and Sustainable Cities (ICSC), une ONG basée aux Philippines.

L’ONG, qui se donne pour mission de renforcer la résilience face au changement climatique et de contribuer aux objectifs de bas carbone, organise ces Mobility Awards pour encourager des modes de déplacement plus respectueux de l’environnement. Selon son directeur exécutif, Renato Constantino, le vélo gagnerait à devenir le mode de transport principal, et non alternatif : “Le temps est venu de réduire, si ce n’est se défaire de notre addiction à la voiture individuelle comme mode de transport privilégié”.  Selon lui, le pays gagnerait beaucoup à promouvoir la pratique du vélo, non seulement pour lutter contre le réchauffement climatique et la pollution atmosphérique, mais également pour des raisons économiques et sociales. L’accessibilité est au coeur des enjeux de mobilité, elle est un facteur de justice sociale.

La présidente de l’association philippine The Firefly Brigade, Roselle Rivera, a évoqué le sujet des femmes cyclistes, en expliquant qu’elles en étaient à l’avant-garde de ce mode de transport.

Fort de l’enthousiasme suscité par ce webinaire, l’Ambassade de France aux Philippines a décidé de se joindre à d’autres ambassades européennes aux Philippines pour partager ensemble les bonnes pratiques développées en Europe en faveur de la culture du vélo.

L’évènement a été précédé d’un tour de Manille de nuit à vélo, organisé pour soutenir ces initiatives locales et filmé par Siklista Ako TV:

L’intégralité du webinaire est accessible ici:

Responsable du projet : Martin Macalintal, Attaché culturel et audiovisuel à l’Ambassade de France aux Philippines et en Micronésie